Communiqué de presse

9 décembre 2007

Comité de défense sociale

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Contact en France: Myriam Benoît 01 42 08 01 49

Aux Etats-Unis, des manifestants s’opposent à la nouvelle offensive pour exécuter Mumia

Libérez Mumia Abu-Jamal !

Nous reproduisons ci-dessous la déclaration traduite du Partisan Defense Committee (PDC) du 9 décembre 2007. Le PDC est une organisation de défense légale et sociale, non sectaire, se basant sur la lutte de classe et prenant fait et cause pour les intérêts de tous les travailleurs. Cet objectif est en accord avec les conceptions politiques de la Spartacist League/U.S. (SL/U.S.) Le CDDS est le pendant en France du PDC, et la Ligue trotskyste de France est la section sœur de la SL/U.S.

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Les mots d’ordre « Mumia est innocent ! Libérez-le immédiatement ! » ont résonné le 6 décembre devant les studios de la NBC à New York, où Maureen Faulkner et le journaliste réactionnaire de radio Michael Smerconish étaient sur le plateau de Today, l’émission de Matt Lauer, pour faire la promotion de leur livre, Assassiné par Mumia. Ce livre régurgite les mensonges que la police et l’accusation ont utilisés pour condamner à tort Mumia Abu-Jamal pour le meurtre de l’agent de police Daniel Faulkner le 9 décembre 1981. Alors qu’une décision de la Cour d’appel fédérale (troisième circuit) est attendue à tout moment, le livre annonce clairement son objectif en mettant centralement en avant l’appel à exécuter cet homme innocent.

Les organisations International Concerned Family and Friends of Mumia Abu-Jamal, Journalists for Mumia et Educators for Mumia ont mené une campagne pour demander que l’émission Today autorise les partisans de Mumia à argumenter contre Faulkner et Smerconish. A la suite du rassemblement appelé le 6 décembre par la Free Mumia Abu-Jamal Coalition (New York), Rachel Wolkenstein, avocate pour le Partisan Defense Committee, notait que : « Ce qui était clair dans l’émission Today et dans les rues aujourd’hui, c’est qu’il y a deux camps clairement définis : d’un côté ceux qui se battent pour la liberté de Mumia, sur la base de son innocence, et de l’autre les forces de “la loi et l’ordre” racistes menées par le Fraternal Order of Police, qui cherchent à le faire exécuter. »

Wolkenstein, qui faisait partie de l’équipe des avocats de Mumia entre 1995 et 1999, a poursuivi : « Ceci est un cas de machination politique et raciste. Quelque 900 pages d’archives du FBI/COINTELPRO montrent que Mumia était la cible du FBI et des flics de Philadelphie depuis le temps où il était un jeune porte-parole de 15 ans pour les Black Panthers. Il a de nouveau été visé lorsqu’il est devenu un partisan de MOVE et un journaliste largement connu comme la “voix des sans-voix” ».

N’épargnant aucune fausse accusation pour tenter d’ouvrir la voie au lynchage légal de Mumia, Maureen Faulkner, la veuve de Daniel Faulkner, et Michael Smerconish font une description outrancièrement mensongère de MOVE, une communauté prônant le retour à la nature que Mumia soutenait, comme étant et des « hors-la-loi » et de « dangereux » assassins. Couronnant une campagne de terreur d’Etat de plusieurs années contre MOVE, il y eut en mai 1985 l’attaque à la bombe incendiaire contre leur maison d’Osage Avenue qui tua onze personnes, dont cinq enfants, et détruisit un quartier noir entier. Les auteurs de Assassiné par Mumia rendent de façon obscène MOVE responsable de cet assassinat raciste de masse qui a été perpétré par la police sous les ordres du maire Démocrate Wilson Goode, avec l’assistance et l’aide de la police fédérale.

En cherchant à intimider quiconque voudrait défendre la cause de Mumia, le livre inclut une attaque frontale contre le Partisan Defense Committee qui s’est solidarisé avec MOVE et se bat depuis 20 ans pour la liberté de Mumia. Faulkner et Smerconish attaquent même Stuart Taylor, un chroniqueur juridique conservateur qui a mis en question le caractère équitable du procès de Mumia de 1982, présidé par le « roi de la peine de mort », le juge Albert Sabo. Sabo, qui a aussi présidé les audiences en appel post-condamnation (PCRA), avait été entendu par une sténographe du tribunal dire au moment du procès : « Je vais les aider à faire griller le n---e. »

Smerconish et Faulkner ne cachent pas la nature politique de la machination en resservant la ligne de l’accusation que l’appartenance de Mumia aux Panthers prouvait qu’il avait planifié de tuer un flic depuis des années. Comme Erica Williamson, du PDC, l’a fait remarquer : « Les capitalistes racistes au pouvoir veulent la mort de Mumia parce qu’ils voient en lui le spectre de la révolte noire. La lutte pour libérer Mumia est un élément clé de la lutte pour abolir la peine de mort raciste, héritage de l’esclavage. »

Rachel Wolkenstein faisait le commentaire suivant : « Ecrit comme des mémoires, ce livre évite l’obligation de réfuter la montagne de preuves de l’innocence de Mumia qui ont été mises au jour au cours des années qui ont suivi son procès. En fait, ces preuves sont irréfutables. » Le premier procès de Mumia avait été marqué par une sélection truquée du jury sur une base raciste, l’intimidation continuelle des témoins par les flics et l’accusation, la dissimulation des preuves de l’innocence de Mumia et le truquage des expertises balistiques et des autres « éléments à charge » censés prouver la culpabilité de Mumia. Puis, en 1999, Arnold Beverly faisait une déclaration sous serment qui disait que c’était lui, et non Mumia, qui avait tué l’agent de police Faulkner (voir sur http://​www.partisandefense.org/​pubs/​innocent/​ab.html). S’adressant à ceux qui basent leurs protestations sur l’appel à un nouveau procès, Wolkenstein déclarait : « Qu’y a-t-il à rejuger dans cette affaire ? Mumia n’aurait jamais dû passer un seul jour en prison. Il faut des protestations de masse qui exigent que cet homme innocent soit libéré, immédiatement ! »

Beverly affirme dans sa déclaration sous serment que lui et un autre homme avaient été engagés pour tuer Faulkner, qui constituait un problème pour le milieu et les policiers corrompus parce qu’il gênait les pots-de-vin et les revenus illicites provenant de la prostitution, du jeu et de la drogue. Au moment de l’assassinat de Faulkner dans le Centre-Ville, la police de Philadelphie faisait l’objet de trois enquêtes fédérales pour corruption impliquant des liens entre les flics et la mafia. Un tiers des flics liés à l’affaire Mumia étaient impliqués dans des accusations de corruption. Wolkenstein faisait remarquer : « Ceci souligne que les flics insistent que Mumia soit mis à mort non seulement parce qu’il est une voix éloquente pour l’émancipation des Noirs, mais aussi parce qu’ils veulent enterrer les preuves de leurs propres méfaits. » Elle notait : « Assassiné par Mumia ne souffle mot de ces enquêtes. »

Parmi ceux qui ont écrit à l’émission Today pour qu’elle présente la vérité sur cette affaire, figure Veronica Jones, l’une des témoins intimidés par la police (http://​i117.photobucket.com/​albums/o59/jaysyro/JPGVJONES.jpg). Jones a témoigné au cours des audiences en appel PCRA de 1996 que la police l’avait forcée à mentir au procès de 1982, quand elle avait nié avoir vu quelqu’un fuir les lieux en courant. Cette personne ne pouvait pas être Mumia, qui avait été trouvé assis sur le bord du trottoir saignant abondamment après que la police lui avait tiré dessus. Le procureur avait arrêté Jones alors qu’elle était en train de témoigner à la barre en 1996, la faisant sortir menottée de la salle, sur la base d’un mandat vieux de plusieurs années concernant un délit mineur.

Evoquant « les intimidations, les menaces et le chantage que j’ai endurés depuis décembre 1981 », Jones écrivait : « Si la question de l’innocence de M. Jamal ne méritait pas d’être posée ou si elle ne suscitait pas d’interrogations, alors peut-on m’expliquer pourquoi tant d’efforts ont été déployés pour essayer publiquement de me discréditer et de m’humilier ? » En conclusion, elle déclarait : « Je connaissais l’agent de police Faulkner et je pense que c’était quelqu’un de bien – à mon égard. Il m’avait aidée et protégée plusieurs fois. De sorte que je n’avais absolument aucune raison de protéger un homme accusé de l’avoir assassiné – un homme que je ne connaissais même pas, cet homme étant Mumia Abu-Jamal. »

Dans une déclaration sous serment auprès des tribunaux d’Etat et fédéraux, Wolkenstein a montré qu’il n’y avait aucune preuve que l’arme de Mumia ait été utilisée cette nuit-là. L’absence d’impact de balles sur le trottoir contredit la fable des flics selon laquelle Mumia aurait tiré à plusieurs reprises, debout au-dessus de Faulkner, tandis que les trajectoires des balles montrent qu’il y avait plus d’un tireur (voir la brochure du CDDS la Lutte pour libérer Mumia Abu-Jamal – Mumia est innocent !)

Les photos du photographe indépendant Pedro Polakoff, récemment révélées par Michael Schiffmann, réfutent aussi le scénario des flics (http://www.abu-jamal-news.com/). Ces photos montrent l’absence d’impact de balles, et confirment en outre qu’un chauffeur de taxi qui a témoigné contre Mumia ne se trouvait pas à l’endroit où les flics et l’accusation disent qu’il était. Elles montrent aussi clairement les policiers en train de manipuler les armes et de falsifier d’autres indices dans le but de faire accuser Mumia du meurtre. Les photos de Polakoff ont été présentées lors d’une conférence de presse qui s’est tenue le 4 décembre à Philadelphie et qui a été rapportée par Reuters. Matt Lauer a montré certaines d’entre elles en interrogeant Faulkner, ce qui a mis Smerconish en furie.

Le lendemain, Faulkner était dans l’émission Hardball de la chaîne de télévision MSNBC, animée par Chris Matthews, ancien rédacteur de discours du Parti démocrate, qui n’a même pas essayé de prétendre à la neutralité. Matthews a ressassé la rengaine selon laquelle « pendant 26 ans » ni Mumia, ni son frère Billy Cook, qui était sur place cette nuit-là, n’ont jamais raconté ce qu’ils ont vu. En fait, Mumia et son frère ont tous deux fait des déclarations sous serment qui, comme les aveux de Beverly, ont été constamment ignorées par les tribunaux fédéraux et d’Etat. Mumia déclarait en 2001 : « Je n’ai pas tiré sur l’agent de police Daniel Faulkner. Je n’ai rien à voir avec la mort de l’agent de police Daniel Faulkner. Je suis innocent. » Sa déclaration décrit comment il avait quitté, en courant, son taxi en stationnement dans le Centre-Ville, après avoir entendu des coups, vu d’autres personnes courir et reconnu son frère qui titubait dans la rue. « J’ai vu un flic en uniforme se tourner vers moi l’arme à la main, j’ai vu une lueur et je suis tombé sur les genoux » (http://www.partisandefense.org/pubs/innocent/maj.html). Mumia non seulement s’est fait tirer dessus, mais il a aussi été tabassé par les flics qui voulaient le voir mort.

Billy Cook a fait des déclarations sous serment en 1999 et 2001 où il affirmait que « Mumia Abu-Jamal n’a pas tiré sur l’agent de police Faulkner et je n’ai pas tiré sur l’agent de police Faulkner » (http://www.partisandefense.org/pubs/innocent/wc.html). Cook déclare que Kenneth Freeman, un passager dans la Volkswagen de Cook, lui a dit après la fusillade qu’il y avait un plan pour tuer Faulkner, et que Freeman en faisait partie.

Maureen Faulkner était également invitée à l’émission The O’Reilly Factor de la chaîne Fox News le 6 décembre. Tout en avouant qu’il n’avait aucune idée de ce qui s’était passé la nuit de la fusillade, O’Reilly était d’avis que Mumia doit être coupable puisque la machination contre lui a été approuvée par les tribunaux, et il déclarait : « Je dois marcher avec le système. » Gene Herson, le coordinateur syndical du PDC, a répondu : « Il n’y a pas de justice, dans ce système, pour des gens comme Mumia, pour ceux qui se battent pour la libération des Noirs, pour les militants syndicaux, pour ceux qui s’opposent au système capitaliste et à ses Partis démocrate et républicain. Cela est démontré par le fait que la condamnation et la sentence de mort ont été confirmées par les tribunaux, les uns après les autres, en dépit des preuves irréfutables de son innocence. »

Herson a souligné la nécessité de mobiliser la puissance sociale du mouvement ouvrier, aux côtés de tous ceux qui se battent contre l’injustice raciste, derrière la cause de Mumia : « La seule pression qui aura un impact sur les capitalistes au pouvoir et leurs tribunaux, c’est la peur des conséquences qu’aurait l’exécution de Mumia ou son ensevelissement à vie. Il a fallu une campagne internationale de protestations de masse, y compris, crucialement, des syndicalistes, pour arrêter le bras du bourreau lorsque Mumia était sous le coup d’un ordre d’exécution en 1995. » Herson a insisté sur l’appel du PDC et d’autres organisations à des manifestations d’urgence le lendemain de la décision, si une décision négative tombe du troisième circuit, et à une protestation nationale planifiée à Philadelphie pour le troisième samedi suivant (http://www.partisandefense.org/events/index.html). Il a souligné que : « Ces protestations doivent servir de tremplin pour relancer une protestation de masse derrière le mot d’ordre : Mumia est innocent – Libérez-le immédiatement ! Abolition de la peine de mort raciste ! »

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Le PDC est une organisation de défense légale et sociale, non sectaire, se basant sur la lutte de classe et prenant fait et cause pour les intérêts de tous les travailleurs. Cet objectif est en accord avec les conceptions politiques de la Spartacist League. Le pendant en France du PDC est le Comité de défense sociale, celui de la Spartacist League la Ligue trotskyste de France.