Communiqué de presse

21 février 2007

Comité de défense sociale

Contact aux USA: Kevin Gilroy 001 212 406 4252
Contact en France: Myriam Benoît 01 42 08 01 49

La Cour suprême de Pennsylvanie
rejette l’appel de Mumia

La décision de la Cour d’appel fédérale est attendue

Mobilisons-nous maintenant pour libérer Mumia !

Nous publions ci-dessous une déclaration du 21 février du Partisan Defense Committee, notre organisation soeur aux USA

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Le 19 février, la Cour suprême de Pennsylvanie a de nouveau claqué la porte au nez de Mumia Abu-Jamal, prisonnier politique dans le couloir de la mort. En invoquant des règles de procédure qui excluent comme inopportune l’utilisation de preuves découvertes après un procès et une procédure d’appel, le tribunal suprême de Pennsylvanie a rejeté la requête déposée par Mumia d’une audience pour présenter les preuves que des témoins clés, lors de son procès truqué, ont été contraints par la police de faire de faux témoignages. On attend toujours la décision de la Cour d’appel fédérale (troisième circuit) concernant un appel contre sa condamnation à mort déposé par Mumia au titre de l’habeas corpus. La Cour d’appel a entendu les plaidoiries de la défense et de l’accusation en mai dernier, et une décision peut tomber d’un jour à l’autre. Cette décision peut soit confirmer la condamnation à mort, soit condamner Mumia à passer le reste de sa vie derrière les barreaux, ou ordonner un nouveau procès ou de nouvelles procédures judiciaires.

Porte-parole du Black Panther Party dans sa jeunesse, et plus tard journaliste renommé et partisan de l’organisation MOVE à Philadelphie, Mumia a été victime d’une machination et accusé à tort du meurtre de l’agent de police Daniel Faulkner, le 9 décembre 1981. Il a été condamné à mort explicitement pour ses opinions politiques. Rachel Wolkenstein, avocate pour le Partisan Defense Committee [PDC, organisation soeur du Comité de défense sociale, CDDS, aux Etats-Unis], qui a fait partie de l’équipe des avocats de Mumia entre 1995 et 1999, a déclaré : « Ce que la Cour a de nouveau refusé d’entendre, c’est une petite partie de la montagne de preuves de l’innocence de Mumia. Les preuves de son innocence, y compris les aveux d’Arnold Beverly qui affirme que c’est lui, et non Mumia, qui a tiré sur Faulkner, sont publiées en détail dans la brochure du PDC Mensonges au service d’un lynchage légal (publiée en français par le CDDS, et disponible en anglais sur http://www.partisandefense.org).

Wolkenstein a poursuivi en expliquant que « Les preuves rejetées par la Cour suprême de Pennsylvanie vont au coeur même de la machination judiciaire. Le seul témoin qui a prétendu avoir vu Mumia une arme à la main était Cynthia White, une prostituée qui a bénéficié de faveurs de la part des flics qui l’ont obligée à mentir. Deux mois après la mort de Faulkner, les flics et l’accusation ont concocté une histoire selon laquelle Mumia aurait avoué en hurlant le meurtre de Faulkner, alors qu’il se vidait de son sang aux urgences de l’Hôpital Jefferson. » Elle a continué : « Les preuves rejetées par la Cour, ce sont les déclarations d’Yvette Williams, qui était en prison avec Cynthia White en décembre 1981, et de Kenneth Pate, demi-frère de Priscilla Durham, un agent de sécurité de l’Hôpital Jefferson qui avait témoigné lors du procès de Mumia avoir entendu les aveux bidon. » Dans sa déclaration du 28 janvier 2002, Williams affirmait : « Cynthia White m’a dit que la police la forçait à mentir, et à dire qu’elle avait vu M. Jamal tirer sur l’agent de police Faulkner, alors qu’en réalité elle n’avait pas vu qui l’avait fait. » Dans sa déclaration du 18 avril 2003, Kenneth Pate expliquait que Durham lui avait parlé de pressions des flics pour qu’elle dise que Mumia avait avoué, mais qu’elle lui avait confié que « Tout ce que je l’ai entendu dire, c’était : “Laissez-moi, laissez- moi, ils essaient de me tuer.” »

Wolkenstein a souligné que « le prétexte de la décision du tribunal est la version pennsylvanienne de l’épidémie de lois adoptées dans tout le pays – parmi lesquelles la plus importante est la « Loi contre le terrorisme et pour la peine de mort effective » de Bill Clinton en 1996 – qui supprime le droit de faire appel pour les milliers de personnes dans le couloir de la mort. La loi de Pennsylvanie a été adoptée peu après les premières audiences post-condamnation (PCRA) du procès de Mumia en 1995, précisément dans le but de supprimer son droit de faire appel. Wolkenstein a continué : « C’est l’une des nombreuses “règles Mumia” qui ont été utilisées pour maintenir cet homme innocent dans le couloir de la mort. Comme lors de la tristement célèbre affaire Dred Scott en 1857, les tribunaux – d’Etat et fédéraux – ont l’un après l’autre déclaré que ce combattant pour la liberté des Noirs n’a aucun droit qu’ils soient tenus de respecter. »

Pam Africa, coordinatrice d’International Concerned Family and Friends of Mumia Abu-Jamal, a déclaré : « Je ne suis pas choquée par cette décision. La Cour suprême de Pennsylvanie n’a jamais rendu de décision juste dans le cas de Mumia, particulièrement quand l’ex-procureur de Philadelphie Ron Castille en était membre. Cela devrait réveiller les gens en leur faisant voir l’injustice dans le cas de Mumia. » Castille, premier juge de la Cour suprême de Pennsylvanie, était le procureur qui s’est opposé au premier appel de Mumia, et plus tard l’un des membres de la Cour suprême de Pennsylvanie qui a rejeté l’appel de Mumia contre le rejet de la demande de révision de son procès en 1997.

D’après Wolkenstein, « L’appel qui vient d’être descendu en flammes par la cour avait été déposé en 2003, peu après que le même tribunal se serve des mêmes règles pour refuser de même examiner les aveux d’Arnold Beverly qui affirme que c’est lui, et non Mumia, qui a abattu Faulkner. » Wolkenstein a expliqué : « Beverly a déclaré qu’un autre homme et lui-même avaient été embauchés pour tuer Faulkner, parce que Faulkner gênait les pots-de-vin et les paiements illicites effectués pour protéger la prostitution, la drogue et le jeu dans le Centre-Ville. Cette déclaration, ainsi qu’une masse de preuves qui la corroborent, ont été présentées devant les tribunaux d’Etat et fédéraux, de même que la déclaration de Mumia lui-même qu’il n’avait rien à voir avec la fusillade. Mais ces tribunaux refusent d’examiner ces preuves, parce que celles-ci soulignent que la machination contre Mumia n’est pas une aberration, le fait d’un juge raciste ou de quelques flics déviants, mais le fonctionnement du système de justice capitaliste raciste. » Elle a ajouté : « Ni les preuves rejetées par la Cour suprême de Pennsylvanie, ni aucune des très nombreuses autres preuves de l’innocence de Mumia, n’ont même été prises en compte par le troisième circuit. »

Gene Herson, coordinateur syndical du PDC, a déclaré : « Les capitalistes racistes veulent lyncher légalement Mumia, parce qu’ils voient en lui le spectre de la révolte noire en raison de son opposition déterminée à l’oppression raciste des Noirs qui est un pilier du capitalisme américain. Il n’y a pas de justice dans ce système pour des gens comme Mumia, pour les combattants pour la libération des Noirs, pour les militants syndicaux, pour ceux qui s’opposent au système capitaliste et à ses Partis démocrate et républicain. » Herson a mis l’accent sur la nécessité de mobiliser la puissance sociale du mouvement ouvrier, et de tous ceux qui luttent contre l’injustice raciste, derrière la cause de Mumia : « La seule pression qui aura un impact sur les capitalistes qui nous gouvernent et leurs tribunaux, c’est la crainte des conséquences de l’exécution de Mumia ou de son enfermement à vie. Il a fallu une campagne internationale de protestations de masse, avec la participation cruciale des syndicats, pour retenir la main du bourreau quand Mumia était sous mandat d’exécution en 1995. » Herson a insisté sur l’appel du PDC et d’autres organisations à des manifestations d’urgence en cas de décision négative prise par le troisième circuit, et à une manifestation nationale à Philadelphie le troisième samedi suivant la décision (http://www.partisandefense.org/events/index.html). Il a souligné que « Ces manifestations doivent servir de tremplin pour qu’il y ait à nouveau des manifestations de masse derrière les mots d’ordre : Mumia est innocent – Libérez-le immédiatement ! Abolition de la peine de mort raciste ! »

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Le CDDS est une organisation de défense légale et sociale, non sectaire, se basant sur la lutte de classe et prenant fait et cause pour les intérêts de tous le travailleurs. Cet objectif est en accord avec les conceptions politiques de la Ligue trotskyste de France.